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jeudi 5 octobre 2017

Un verre pour épicuriens - Humeur


Lorsqu'il s'agit d'expérimenter de nouvelles manières d'éprouver un plaisir olfactif ou gustatif, je réponds toujours présent. Quand Embargo, une jeune société de design, m'a contacté pour tester leur verre à dégustation Humeur, c'est avec enthousiasme mais intrigué que j'ai accepté l'invitation.



Humeur est né de l'imagination de Dominique Dran qui a dessiné les premiers roughs de son verre il y a maintenant sept ans. Constitué de deux éléments qui s'emboîtent l'un dans l'autre, ce verre a été conçu dans le but d'assouvir un plaisir (solitaire) épicurien, à savoir : passer de longs moments à humer (d'où le nom Humeur) les arômes d'un vin ou d'un spiritueux et leur évolution dans le temps.

L'aspect de la partie supérieure lui donne un look d'inhalateur médical, mais celui-ci est le résultat de multiples essais et collaborations avec divers professionnels de la verrerie. La version actuelle d'Humeur est un objet de luxe, soufflé main par un artisan deux fois médaillé "Meilleur ouvrier de France", ce qui fait de chaque verre un modèle unique. Son prix en refroidira certainement plus d'un (180 € à l'heure actuelle – une étude de fabrication à plus grande échelle est en cours afin d'arriver à un prix de vente sous la barre des 100 €), mais… place à l'expérience !



Je suis arrivé dans les locaux d'Embargo, un midi, pour tester ce fameux verre dont le but premier est de magnifier les arômes. Mon nez et mon palais étaient relativement frais et j'avais apporté un verre Glencairn en guise d'élément de comparaison.

La dégustation, qui n'en était pas une à proprement parler puisque le but n'était pas de boire, mais de sentir, uniquement, se déroula en deux étapes. Pour l'occasion, mes hôtes avaient choisi un Glen Garioch 1995 de chez Berry Bros & Rudd.

Première étape
On verse 1 cl d'alcool dans la partie basse du verre qu'on fait tourner légèrement afin que le liquide se répande sur une large surface, puis on vide le verre. On replace alors la partie supérieure sur le verre et on peut commencer à humer. Les arômes de fruits sont directement présents (abricots, pêches, oranges confites…) alors qu'avec le Glencairn, l'attaque est plus spiritueuse. Les arômes sont doux et envoûtants. Ils évoluent lentement vers des notes boisées et légèrement terreuses (sous-bois, humus) avec toujours une présence fruitée. Au bout d'une dizaine de minutes, les arômes sont toujours bien présents alors que, dans le Glencairn ils ont quasiment disparus.

Deuxième étape
On verse 1/2 à 1 cl de whisky dans le verre et on repose la partie supérieure sans le vider. Dans le Glencairn, encore une fois, les esters sont beaucoup plus présents et agressifs. Étrangement, bien qu'il soit fermé, Humeur à tendance à atténuer l'agressivité de l'alcool (tout de même plus présent que verre vide) pour laisser s'exprimer les arômes. Quand on inspire, les deux orifices présents sur la partie supérieure du verre ont pour rôle de faire pénétrer de l'air dans celui-ci. Cet air se mélange aux vapeurs d'alcool et diminue leur intensité. Encore une fois, en ce qui concerne la détection des arômes, Humeur remporte la manche sur le Glencairn.



Mon avis
Vous l'aurez compris, à mes yeux, l'expérience est concluante. Humeur fait ce pour quoi il a été conçu, et il le fait bien ! Seul petit bémol : son prix. À 180 € (et même si Embargo arrive, dans un futur proche, à passer sous la barre des 100 €) ce verre se destine plutôt à une élite fortunée ou bien aux professionnels (maître de chais, caviste, sommelier, formateur…) ou aux geeks avec une obsession pour les verres à dégustation (ne riez pas, j'en connais !). Mais si vous êtes un amateur épicurien à la recherche de nouvelles expériences olfactives et que votre budget vous le permet, alors pas d'hésitation à avoir, Humeur est LE verre qu'il vous faut.

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