mardi 15 mai 2012

Cobalt en Terre d'Écosse - Jour 2



Ce matin, Ronnie Routledge, de la distillerie Glenglassaugh, doit passer me prendre en voiture, un peu avant 8h00, pour me conduire à Portsoy où je dois passer une bonne partie de la matinée à visiter la distillerie et surtout y remplir mon Octave (un fût de 50 litres ayant au préalable contenu du xérès – sherry en anglais – Pedro Ximenez) avec du distillat non tourbé.
Le petit déjeuner étant servi à partir de 7h30 chez Heather Glen Guest House (le B&B dans lequel j'ai réservé pour deux nuits), il va falloir que je l'ingurgite en moins de 20 minutes et comme c'est mon premier cooked breakfast depuis un bon nombre d'années, je n'ai pas l'intention d'en laisser une miette. Céréales, thé, bacon, œufs au plat, saucisses, baked beans (haricots blancs à la sauce tomate), champignons, tomate cuite au four, toasts, marmelade et jus d'orange m'aideront à tenir jusqu'à un déjeuner tardif.

Un petit déjeuner copieux pour tenir jusqu'à mon retour de Portsoy.


Ronnie arrive vers 8h00. Après de multiples échanges via Facebook, c'est la première fois que nous nous rencontrons. Nous prenons l'A96 puis l'A98 en direction de Portsoy sous une pluie incessante. Une quarantaine de minutes plus tard, nous apercevons la distillerie, sur notre gauche, mais nous ne nous y arrêtons pas : Ronnie doit passer à Banff pour y déposer un dossier destiné à l'architecte en charge du visitor center (qui ne devrait plus trop tarder à ouvrir ses portes) afin qu'il puisse en régler les derniers détails. Ronnie en profite pour me conduire à la distillerie Macduff (fermée au public) pour y jeter un rapide coup d'œil et nous passons devant les quelques bâtiments restant de l'ancienne distillerie Banff dont les stocks appartiennent à Diageo. Nous arrivons enfin à la distillerie Glenglassaugh (mon premier coup de cœur pour ce blog). Comme le dit si bien Ronnie, la première chose à faire en arrivant le matin, c'est de mettre en route la bouilloire pour le thé et la café. En passant dans les bureaux, un petit bonjour à Maihri McDonald, Michelle Slater et, bien entendu, Stuart Nickerson (découvrez ou re-lisez l'interview qu'il m'a accordé). Celui-ci a préparé quelques échantillons à tester, en vue de futurs embouteillages. L'un d'eux provient d'un fût de 1976 : une vraie merveille olfactive ! Et c'est parti pour une visite privée et guidée de la distillerie.

Vue depuis la distillerie, sur la plage qui attire de nombreux surfeurs.


La visite commence par une petite balade sur le chemin qui mène à la mer, histoire d'admirer un peu la vue avant d'aller s'enfermer dans les différents bâtiments. Le premier dans lequel nous entrons abrite les anciennes aires de maltage. Elles ne sont plus utilisées, mais la possibilité de les remettre en service dans le futur n'est pas exclue.

Les aires de maltages pourraient reprendre du service un prochain jour.


Chez Glenglassaugh, on produit quatre jours sur cinq, le mercredi, les alambics ne fonctionnent pas. Je n'aurai donc pas le plaisir de voir couler le précieux liquide dans le coffre à alcool, aujourd'hui. Ça me laisse plus de liberté et de temps pour les photos. Après avoir vu toute la "machinerie", du moulin à moudre le malt aux alambics en passant par les cuves de fermentation (washback), sans oublier de goûter le liquide qu'elles contiennent (le wash : une sorte de bière d'orge malté), direction le point culminant de la distillerie (le toit) pour une splendide vue panoramique des environs.

Ronnie Routledge rempli un récipient de wash pour me le faire goûter.
Le wash en pleine fermentation.
Les deux alambics de la distillerie fonctionnent 4 jours par semaine.
Le coffre à alcool permet de vérifier le taux d'alcool
et de déterminer le moment propice pour effectuer les coupes.
Vue du toit.


Glenglassaugh dispose de sa propre "petite" unité d'embouteillage manuelle qui vient de passer d'une capacité d'une à quatre bouteilles. Le grand luxe ! Puis, on fait un passage obligé par le chai qui abrite plusieurs milliers de fûts (un deuxième chai en voie de rénovation viendra doubler la capacité de stockage actuelle, probablement avant la fin de l'année).

Dans ces allées, certains fûts reposent depuis pratiquement 50 ans.

La vue depuis l'entrée du chais est impressionante.


Puis, direction la zone de remplissage des fûts où m'attend mon Octavesur lequel a été marqué la mention "La Cuvée de Cobalt". La douce odeur qui s'en dégage est fantastique. Il est temps pour moi de le remplir avec du distillat (ou new make spirit — il n'aura l'appellation de whisky qu'au bout de 3 ans de maturation). Graeme Morrison me donne un coup de main. Une fois le fût rempli, quelques coups de marteau pour le sceller et, plus qu'un an à attendre pour déguster le premier échantillon qui en sera prélevé. Tout ça est bien évidemment immortalisé en vidéo (bientôt visible sur le blog et sur YouTube). Date d'embouteillage prévue : avril 2019 !

Plus que 3 ans pour avoir l'appellation "Whisky" et 4 de plus pour l'embouteiller. 


La visite s'achève. C'est maintenant l'heure de la dégustation. Ronnie a préparé cinq expressions de Glenglassaugh :

  1. Revival - le petit dernier. Sorti il y a quelques semaines à peine et aussi le premier single produit à grande échelle (le tout premier étant le First Cask, limité à 650 bouteilles) depuis la ré-ouverture en 2008.
  2. Glenglassaugh 26 ans - un single malt au nez délicat mais à l'attaque en bouche franche (petits picotements agréables sur la langue) suivie d'une explosions de douces saveurs. Un whisky agréable et complexe.
  3. Glenglassaugh 36 ans - fini en fût de Sauternes, embouteillé à 43 % (degré naturel non réduit à l'eau) ce single cask est à la fois frais, rond et crémeux avec des notes de fruits exotiques (ananas). Il évolue superbement en bouche et la finale est interminable. Mon préféré à cette heure-ci de la journée !
  4. Glenglassaugh 45 ans - un autre single cask (fût de sherry ou xérès en français) embouteillé à 49,2 %. Etonnamment vif pour un whisky de cet âge, l'influence du sherry est indéniable avec des notes de fruits secs et de fruits à coques. Il est finalement plutôt doux pour un tel taux d'alcool et il évolue agréablement dans le temps sur des notes de cire d'abeille ce qui en fait un merveilleux dram de fin de soirée, l'hiver, près d'un bon feu de bois.
  5. Glenglassaugh 28 ans Master Distiller's Selection - moins éloquant que les deux précédants, il est aussi moins complexe, mais, avec une vraie dominance de la céréale, il reste très agréable.
Superbe verticale Glenglassaugh, rien que pour moi ;-)


Une fois la dégustation terminée, je repars avec quelques échantillons et j'en profite pour m'offrir un pack des deux whiskies primés par l'IWSC (un 30 ans et un 40 ans en bouteille de 20 cl).

Une belle collection d'embouteillage indépendants
ou datant d'avant la fermeture en 1986.


Juste le temps de dire au revoir à Stuart et je suis dans les temps pour attraper un bus qui me ramène à Elgin. La pluie s'est arrêtée et le bus, plutôt que de prendre l'A98, passe par tous les petits village côtiers. C'est beaucoup plus long, mais c'est aussi beaucoup plus joli, même par ce temps grisâtre. Ça me permet également d'apercevoir, à l'entrée d'Elgin, des ruines qui ne sont autres que celle de la cathédrale. On peut s'y rendre à pied depuis le centre ville. Ça sera donc ma destination après un rapide déjeuner. Quelques photos et vidéos plus tard et après être monté au sommet d'une des tours de la cathédrale, retour au B&B pour une douche. Ronnie passe me prendre vers 19 heures pour boire quelques drams chez lui. Nous sommes rejoints peu après par Iain "Dram Per Day" Leslie. Nous nous échangeons quelques échantillons tirés de nos collections personnelles. Et, après un Longmorn 25 ans de chez Gordon & MacPhail et un Glengoyne 1985 "summer edition" très marqué par le sherry, nous nous dirigeons vers le Mezzo, un restaurant chic mais abordable ou nous commandons des lasagnes au bœuf et au haggis accompagnées d'une bière italienne. En fin de repas, le barman nous fait sentir un Macallan de 50 ans dans un magnifique décanter de cristal. Puis, Iain et Ronnie commandent un verre de Tamdhu 10 ans (une version qui n'est plus commercialisée depuis un bon nombre d'années, mais dont la bouteille n'a pas encore été ouverte). Iain, qui doit prendre un avion tôt le lendemain, nous quitte.

La cathédrale d'Elgin, ouverte aux quatre vents.

Lasagnes au bœuf et au haggis… un régal !


Et, finalement, si on allait s'en jeter un petit dernier ? Ce sera une bière, dans un pub typique, loin du côté "écrans géants" et "cocktails servis dans des bocaux à poissons rouges" de la veille. La clientèle aussi est plus… typique ! Mais on y rit bien. Ronnie et moi nous séparons enchantés de notre rencontre et de cette journée bien remplie. Demain je reprends la route jusqu'à Craigellachie pour une nouvelle étape de mon périple Écossais…

Un grand merci à Ronnie Routledge et à Stuart Nickerson pour leur gentillesse et leur accueil chaleureux ainsi qu'à toute l'équipe de Glenglassaugh.

Pour en savoir plus sur le programme Cask Ownership de Glenglassaugh (qui vous permet de devenir propriétaire d'un fût), jetez donc un coup d'œil ici.

Lire le résumé de mon premier jour en Écosse.

Lire le résumé de mon troisième jour en Écosse.

Lire le résumé de mon quatrième et dernier jour en Écosse

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